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L’exploration sous-marine dans les Calanques

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Jacques Borelli © collection famille Borelli
Cité maritime depuis sa fondation il y a 2 600 ans, Marseille s’est distinguée comme berceau de la plongée subaquatique moderne. Les Calanques en particulier furent le théâtre de plusieurs innovations. De l’Antiquité grecque aux grands noms de Cousteau, Beuchat ou Cosquer, retour sur une exceptionnelle aventure humaine et technologique.

 

Les premières plongées… en tonneau de bois !

Dès l’Antiquité grecque, marins et pêcheurs s’immergeaient en apnée dans les eaux marseillaises pour ramasser des coquillages, récolter le corail rouge, libérer les ancres coincées...

En 1733, John Lethbridge tente de récupérer des piastres d’argent englouties dans un naufrage à l’entrée du port de Marseille. L’équipement utilisé se compose d’un tonneau en bois, muni d’un hublot, cerclé de fer et lesté de plomb, et équipé de deux manchons de cuir pour passer les bras ! En 1764, la Chambre de commerce de Marseille teste l’invention de Louis Dalmas, moins encombrante. Mais les plongeurs ne disposent toujours à ce stade que de l’air contenu dans leurs engins…

 

Travaux sous-marins

Dans les années 1850 et 1860 sont inventés scaphandre à casque de suivre et appareil respiratoire fournissant l’air à la demande. Grâce à ces avancées techniques, les eaux marseillaises sont investies à partir de 1865.

Les scaphandriers récupèrent des cargaisons coulées, participent à la construction des bassins portuaires, des quais et des jetées, entretiennent les navires, dégagent les chaînes et les cordages, réparent les avaries sur les coques, renflouent ou déséchouent les navires, récupèrent des trésors engloutis après les naufrages… La renommée des scaphandriers marseillais se répand à l’étranger : partout on les sollicite.

 

Un métier dangereux

Le métier est difficile : il faut des assistants pour pomper l’air depuis une barque, et le plongeur revêt un accoutrement pesant plus de cinquante kilos ! De nombreux accidents se produisent par le non-respect des règles de la profondeur et de la décompression. Les avancées scientifiques permettent de mieux comprendre les phénomènes physiologiques qui régissent les échanges gazeux entre l’air et le sang.

En 1907, plusieurs équipes sont dépêchées à proximité de l’île Maïre suite au tragique naufrage du paquebot Liban. Il faut remonter les corps et les sacs postaux. Les scaphandriers descendent au-delà des -45 mètres tolérables pour le corps, mais un plongeur trouve la mort...

 

 

L'avènement des « hommes-grenouilles »

C’est à Sormiou que, dès 1942, Georges Beuchat, Albert Falco et le commandant Cousteau réalisent les premières plongées avec un nouveau scaphandre équipé d’une bouteille d’air comprimé et d’un détendeur. Quelques mois plus tard, aux Goudes, Frédéric Dumas devient le premier homme à plonger au-delà des 60 mètres de profondeur.

Le nouveau scaphandre autonome offre aisance de mouvement et mobilité. Les « hommes-grenouilles » équipés de palmes supplantent les « pieds-lourds » chaussés de plomb. La première fédération de plongée au monde voit le jour à Marseille en 1948, suivie de l’Office français de recherches sous-marines mis en place par Cousteau.

 

Innover pour explorer

Les années 1950 et 60 voient de nombreuses réalisations scientifiques et techniques. Première mondiale, en 1962, Falco est, avec Claude Wesly, le premier « océanaute » à avoir vécu sous la mer lors de l’expérience sous-marine Précontinent 1 qui se déroule sur l’archipel du Frioul

À Riou, le navire océanologique Calypso localise en 1952 deux épaves antiques et des milliers d’amphores et de céramiques ! Cet emplacement et ses alentours sont désormais désignés sous le nom de « triangle Cousteau », et constituent une zone de protection archéologique. En 1964, c’est Falco qui, avec les plongeurs du Club de la Mer de Sormiou, renfloue quatre canons napoléoniens gisant par 30 mètres de fond au cap Morgiou !

 

De l'exploration à l'exploitation

En parallèle, à partir des années 50, la plongée sous-marine de loisir se développe. Les eaux calanquaises sont renommées partout dans le monde, offrant une riche biodiversité, une grande diversité de paysages, et des épaves à quelques encablures de la côte.

En 1962, côté professionnel, l’ingénieur Henri-Germain Delauze crée à Marseille la Comex ainsi qu’un centre hyperbare. En 1967, côté grand public, est inaugurée une invention marseillaise, unique au monde : le téléscaphe de Callelongue !

 

D’incroyables découvertes

En 1978, l’épave du Grand-Saint-Antoine est identifiée. En 1991, Henri Cosquer déclare la découverte d’une grotte engloutie ornée de peintures préhistoriques. En 1993 se déroule la première exploration d’une vaste rivière souterraine débouchant à Port-Miou.

En 2003, Delauze retrouve les restes de l’avion de Saint-Exupéry dans une zone prospectée par le plongeur Luc Vanrell ! Et en 2020, une équipe de plongeurs emmenés par Laurent Ballesta plongeait dans la zone des -100 mètres durant 28 jours consécutifs. Quelle sera la prochaine étape ?

 

« Le meilleur moyen d'observer un poisson est de devenir un poisson. »

Jacques-Yves Cousteau


Source URL: https://www2.calanques-parcnational.fr/node/11084