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Les Calanques n’ont plus de secrets pour Didier Vigo depuis qu’il en a fait son bureau. Il nous partage l’amour de son métier et nous décrit sa routine, qui devient particulièrement chargée en période estivale.

Portrait par Éric Lenglemetz, recueil du témoignage par Noëlie Pansiot.

Les Calanques comme bureau

Plus jeune, j'ai ouvert un vidéo club. Un beau jour, quelqu’un habillé avec la tenue de l'Office National des Forêts est entré dans mon magasin. Et je me suis dit : c’est le boulot que j'aimerais faire ! Si j'avais su, je l'aurais fait beaucoup plus tôt…

Depuis, je suis chef d’équipe au sein de l’ONF et je prends énormément de plaisir à travailler dehors, dans la nature. Je travaille en collaboration avec le Parc national des Calanques puisque l’ONF est propriétaire et gestionnaire sur certaines parcelles du Parc. On fait toutes sortes de travaux : on met en place et on entretien la signalétique, on fait de la création de sentiers pour canaliser le public, de l'entretien de sentiers, de la réparation de barrières, de l'abattage d'arbres, de l'éradication de plantes exotiques envahissantes et toutes sortes de tâches selon les priorités et la période.

Les calanques… C'est mon bureau ! Un bien joli bureau, que j'ai plaisir à voir tous les jours. Je ne m’en lasse pas. Tous les matins, je suis émerveillé par ces paysages. Il y a des Marseillais qui voyagent partout et ignorent qu’à deux heures de marche de chez eux ils ont des endroits magnifiques, aussi beaux que dans les îles. Notre rôle, à l’office, c’est aussi de protéger ce territoire et faire attention à tous les débordements qu'il peut y avoir avec cet afflux de monde.

Vigilance estivale

L’été, pendant deux mois et demi, c’est la période où il y a le plus de monde dans les Calanques. Et c’est déplorable de voir que dans le lot certains laissent leur détritus, des bouteilles, des cannettes, sur place… Je me sens responsable, je ne veux pas trouver de déchets ici. Il faut préserver ce lieu, pour nos enfants et pour tout le monde.

Puis, tout a été accentué avec le Covid. Beaucoup de gens, ne pouvant partir en voyage, ont découvert ou redécouvert le massif des Calanques sans avoir les codes et en laissant derrière eux des déchets. Donc on est amené à faire du nettoyage deux fois par semaine l'été, le vendredi et le lundi, et on remplit la benne d'un pick-up de détritus à chaque fois ! C'est dommage pour les gens qui font attention mais c'est comme ça. Malheureusement.

De plus en plus d’entreprises s’y mettent aussi, en bennant directement dans le milieu naturel. Au lieu de payer la mise en déchetterie, certains viennent balancer leurs déchets et encombrants à l’entrée des pistes ou directement dans le massif, sans penser aux dégâts que ça occasionne sur le milieu et sans penser aux gens qui viennent enlever tout ça... Et c’est usant !

Durant l’été, on fait aussi des patrouilles forestières avec des véhicules remplis de 600 litres d'eau qui nous permettent d’intervenir sur un feu naissant. On se répartit en secteur et on joue le rôle de vigie dans le massif. Si on constate un départ, on est les premiers relais pour les pompiers et on peut aussi quantifier les moyens à déployer en fonction de l’ampleur de l’incendie.

Je fais aussi de la sensibilisation auprès du public pour qu’il adopte de bons comportements. Respecter le lieu, rester sur les sentiers balisés, ramener ses déchets, ne pas fumer en colline, ne pas faire de feu et garder le lieu intact. On descend à la calanque, on prend un bain, on prend des photos, on remonte avec ses affaires, on ne met pas la musique à fond en remontant, on ne fume pas et tout ira bien ! Et si on constate des actions illégales on peut aussi faire appel à des collègues assermentés de l’ONF ou du Parc national pour engager une procédure. Donc ce n’est pas toujours un métier facile, mais avec un cadre pareil, on est quand même chanceux.


Source URL: https://www2.calanques-parcnational.fr/node/16026