Pour de faux, heureusement, car il s’agit du scénario élaboré dans le cadre de l’opération POLMAR, un exercice grandeur nature organisé aujourd’hui à Cassis par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer, dans le but d’entraîner les acteurs territoriaux à la gestion d’un épisode de pollution marine. Les agents du Parc national des Calanques étaient de la partie, à la fois comme conseillers techniques et comme participants aux manœuvres de terrain.
Anticiper…
Huit heures. Depuis la collision factice, le point d’impact à la côte de la nappe d’hydrocarbures a été estimé plus précisément grâce aux opérations de reconnaissance en mer : ce sera dans la baie de Cassis. En contrebas du château des Baux, à quelques mètres de la plage de la Grande Mer, un camion rouge des Sapeurs-Pompiers fait office de poste de commandement multiservices. A l’intérieur, les représentants de différents services techniques élaborent une stratégie pour protéger les espaces naturels sensibles et les activités économiques du secteur.
Sur les parois du camion, des tableaux blancs bardés de notes. Sur la table, quantité de cartes renseignant la progression de la nappe et la répartition des habitats naturels menacés.
Alain Vincent, responsable de mission territoriale au Parc national des Calanques, expose les enjeux environnementaux de la situation à ses collaborateurs. La présence d’herbiers de posidonie, d’oiseaux marins et de mammifères marins dans la zone sera prise en compte dans la définition des actions prioritaires. Par mesure de précaution, le périmètre du Parc a été fermé aux visiteurs.
Agir…
Le poste de commandement de site est à un jet de pierre. C’est là que sont coordonnées les opérations de terrain, que l’on gère les moyens techniques et le personnel déployé sur place. Il faut agir vite et sur plusieurs fronts, tout en gardant un œil sur les prévisions météorologiques qui peuvent compliquer les manœuvres en mer et changer la direction de la nappe.
10 heures. En mer, on tente de juguler la progression de la pollution. Plusieurs semi-rigides, dont celui du Parc national des Calanques, déploient de longs boudins flottants. Deux barrages sont disposés à l’entrée du port de Cassis pour éviter que la nappe n’endommage les bateaux à quai. Les radios crépitent à bord. « Plus de mou ! » : les instructions proviennent du poste de commandement et des autres embarcations.
A terre, un ballet d’hommes en blanc s’organise derrière les rues-balises qui délimitent la plage. « Lorsqu’on ne connaît l’origine ni la nature de la pollution, il faut pouvoir les déterminer le plus rapidement possible » précise Johan Jimenez, chargé de mission gestion de crise au Parc national des Calanques. « C’est primordial pour évaluer la dangerosité du polluant, identifier le responsable de la pollution marine et mettre en œuvre le principe de pollueur-payeur. » Dans ce but, une équipe vêtue de combinaisons, chaussures et masques de protection récolte les premières traces de pollution échouées sur le sable. Cette fois, les hydrocarbures ont été simulés par de la gélatine verte biodégradable, déversée par une barge à quelques encablures de la côte. Les prélèvements sont précieusement conservés dans des bocaux de verre à double titre d’échantillon et de preuve. De fait, si une crise de pollution marine revêt d’importants enjeux environnementaux, économiques et sanitaires, l’enjeu financier lié aux dommages occasionnés est tout autant considérable.
Ensemble.
L’opération POLMAR est conduite tous les trois ans dans un département du littoral français : l’occasion pour les services techniques locaux de régler certains détails, d’apprendre le fonctionnement et les attentes de chacun pour réagir de manière coordonnée aux catastrophes écologiques. D’ailleurs, plusieurs collègues du jour sont déjà familiers d’Alain et Johan : « Les actions mises en place dans le cadre d’une pollution marine sont très similaires à la gestion des feux de forêt, on est donc habitués à ce genre de collaboration entre services ».