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En mars 2021, EcoAct (une activité Eviden), Digital Realty, Schneider Electric France et le Parc national des Calanques annonçaient leur partenariat autour du projet « Prométhée-Med ». Ce dernier aboutit aujourd’hui à l’approbation d’une première méthodologie de labellisation « bas-carbone » dédiée à la protection du milieu marin, qui vient d’être approuvée par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère de la Transition écologique (MTE). Cette innovation ouvre la voie à la préservation effective d’un important stock de carbone et d’un habitat naturel clé de la Méditerranée : les herbiers de posidonie.

Porté depuis plus d’un an et demi par cet ensemble d’acteurs de l’environnement et du numérique, « Prométhée-Med » s’est depuis également appuyé sur les résultats de plusieurs institutions du monde universitaire et scientifique : l’Université de Corse Pascal Paoli, le GIS Posidonie – Centre de Corse et le MIO (Mediterranean Institute of Oceanography, Aix-Marseille Université).

« Prométhée-Med » établit la première méthodologie de comptabilité carbone en France et en Europe dédiée à la protection des herbiers marins. Son application devrait permettre d’apporter une contribution majeure à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de la France, représentant une réduction potentielle de 24 000 téq CO2/an en moyenne (ou 700 000 téq CO2 sur 30 ans pour 80 000 ha).

 

La protection des herbiers marins : une méthodologie aux enjeux et bénéfices multiples 

En se basant sur les projections établies dans le cadre du projet, les enjeux et le potentiel associés à la protection des herbiers de posidonie en France pour l’atteinte de la neutralité carbone sont considérables :

  • Une surface à considérer répartie sur plus de 80 000 hectares[1] dans les régions Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Corse.
  • Le taux de régression actuelle de la posidonie est estimé à 0,29 % par an en moyenne[2].
  • Les stocks de carbone à protéger (en tonne de carbone) représentent 327 tC/ha (valeur conservatrice)[3].
  • Un potentiel de réduction des émissions carbone de l’ordre de 24 000 téq CO2/an en moyenne (ou 700 000 téq CO2 sur 30 ans pour 80 000 ha) : un volume considérable par rapport aux 465 000 téq CO2 incluses aujourd’hui dans l’ensemble des projets actuels du Label bas-carbone[4].

Plus largement, le projet permettra de préserver le littoral (les herbiers aidant à freiner l’érosion des côtes) et le milieu marin (les herbiers constituant un habitat clé de voûte de l’écosystème méditerranéen). Le projet recouvre également des dimensions socio-économiques diverses. Concrètement, cette méthodologie peut permettre à des porteurs de projets de mettre en œuvre plusieurs actions, telles que : la mise en place de zones de mouillage et d’équipements légers, la création d’emplois (notamment pour assurer la surveillance du plan d’eau et le respect des règles de mouillage) et de formations au niveau local, la sensibilisation de la population à la protection des herbiers et des banquettes de feuilles mortes sur les plages…

Malgré son statut d’espèce protégée, la préservation des herbiers de posidonie reste insuffisamment assurée. Depuis 2019, les autorités publiques françaises ont initié une dynamique forte visant à mieux protéger cet habitat clé de Méditerranée par un renforcement des mesures réglementaires prises par la Préfecture maritime de Méditerranée. Le label bas-carbone s’impose ainsi comme un levier essentiel pour parfaire cette dynamique et mobiliser davantage de moyens afin de financer les actions concrètes qui permettront d’assurer une protection effective. Ainsi, il accompagne les ambitions de la France en matière de création d’aires marines protégées et de zones de protection forte.

« Ce projet est la preuve concrète que des acteurs privés et publics peuvent collaborer autour d’une expertise technique, ici portée par nos équipes chez EcoAct, afin d’œuvrer pour la protection de la biodiversité marine en mettant en œuvre des mécanismes de financement innovants. », déclare Emilie Alberola, directrice Europe du Sud d’EcoAct.

« Avec l’accueil du projet “Prométhée-Med”, né à Marseille du croisement entre les enjeux de préservation du Parc national et la volonté du secteur privé de s’engager dans la transition écologique, les Calanques confirment leur position de territoire tourné vers l’innovation et la recherche de solutions globales en faveur de la préservation de la biodiversité et de la transition écologique. La méthodologie désormais validée, le Parc national travaille à présent, en lien avec les collectivités du territoire, à un projet à soumettre au ministère de la Transition écologique qui, nous l’espérons, nous permettra d’intégrer le marché carbone en tant que bénéficiaire. L’objectif est notamment de mobiliser des financements pour mettre en place, gérer et surveiller les zones de mouillage et d’équipements légers définies dans le cadre de notre schéma global d’organisation des mouillages. », déclare Gaëlle Berthaud, directrice du Parc national des Calanques.

« En tant que principal fournisseur mondial de solutions de data centers de colocation, présent à Paris et Marseille, nous sommes fiers d’avoir été à l’origine de ce projet aux côtés du Parc national des Calanques. “Prométhée-Med” devient donc la première méthodologie de comptabilité carbone en France et en Europe dédiée à la protection des herbiers marins. Nous sommes heureux d’avoir contribué au développement de solutions en faveur de la protection de l’environnement sur le territoire. », déclare Fabrice Coquio, SVP Digital Realty, président Digital Realty France.

« Le projet nous a convaincus dès l’origine, car il est totalement aligné à l’agenda environnemental de Schneider Electric. Lorsque nous menons des projets de développement économique, nous accompagnons nos clients dans leur décarbonation et dans la préservation des biodiversités. Acteur global, mais dont le rayon d’action se veut local, nous sommes fiers, étant une société française, d’avoir soutenu ce projet qui a démarré au cœur du Parc des Calanques et qui conjugue préservation des écosystèmes marins et séquestration du carbone. Notre soutien devrait lui permettre de rayonner sur d’autres géographies. », mentionne Hélène Macela-Gouin, VP Secure Power, Schneider Electric France.

« Ce projet me plait, car il fait la synthèse entre l’indispensable protection des herbiers à Posidonia oceanica, la prise en compte des services écosystémiques (dont la séquestration du carbone) qu’ils fournissent, et des outils économiques complexes (pour moi), mais incontournables. », précise Charles-François Boudouresque, professeur au MIO.

 

Rappel des enjeux en faveur de la protection des herbiers marins

Les herbiers marins jouent un rôle majeur dans la régulation du climat et dans la préservation de la biodiversité mondiale. Hautement diversifiés et productifs, ces écosystèmes assurent des fonctionnalités écologiques importantes (frayère, nurserie…) et abritent entre 4 et 18 % des espèces marines, alors que leur surface représente moins de 2 % de la surface totale des océans.

Endémique de Méditerranée, l’herbier de posidonie (Posidonia oceanica), joue également un rôle clé dans le maintien des équilibres biologiques et physiques de cette mer semi-fermée. Il se distingue aussi par des capacités exceptionnelles en matière de stockage du carbone. En effet, l’herbier stocke jusqu’à 700 tonnes de carbone par hectare[5], soit 3 à 5 fois plus que les forêts tropicales, et jusqu’à 7 fois plus qu’une forêt de feuillus française[6], sur des millions d’hectares et sur des centaines d’années. Les herbiers rendent également d’importants services écosystémiques en contribuant à la protection du littoral contre l’érosion, en soutenant la pêche côtière, ou en encore jouant un rôle de filtration dans la colonne d’eau.

Le changement climatique, l’artificialisation des fonds marins, la pollution, les mauvaises pratiques de pêche et le mouillage des navires qui arrachent les plantes avec leurs ancres sont parmi les principaux facteurs de perte d’herbiers. Leur dégradation — en plus de détruire des écosystèmes clés — provoque donc une destruction importante des stocks de carbone. Leur régénération permet au contraire d’augmenter ces stocks.

 


[1] Medtrix (2019)

[2] Telesca et al. (2015). Cette valeur, calculée à partir d’une partie des régions méditerranéennes, est considérée comme surestimée par Boudouresque et al. (2021) : Boudouresque C.F., Blanfuné A., Pergent G., Thibaut T., 2021.  Restoration of seagrass meadows in the Mediterranean Sea: a critical review of effectiveness and ethical issues. Water, 13 (1034) : 1-35.

[3] Monnier B., Pergent G., Mateo M.Á., Clabaut P., Pergent-Martini C. (2022). Quantification of blue carbon stocks associated with Posidonia oceanica seagrass meadows in Corsica (NW Mediterranean). Science of The Total Environment, 155864

[4] Ministère de la Transition écologique

[5] Monnier B., Pergent G., Mateo M.Á., Clabaut P., Pergent-Martini C., 2022. Quantification of blue carbon stocks associated with Posidonia oceanica seagrass meadows in Corsica (NW Mediterranean). Science of The Total Environment, 838, 155864, DOI: 10.1016/j.scitotenv.2022.155864.

[6] Pour se donner un ordre de grandeur, en s'appuyant sur les données de l’outil ALDO de l’ADEME, on peut estimer qu’un hectare de posidonie stocke jusqu’à 7 fois plus de carbone qu’une forêt de feuillus française.


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