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Protéger l’écosystème des Calanques

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Competition between invasive plants (agave, prickly pear) vs astragale de Marseille, at Mont Rose © M. Chêne
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Agave clearing campaign
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Agave clearing campaign at Le Frioul © Parc national des Calanques
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Clearing invasive alien species © L. Hellwig
Introduites par des voyageurs, ces espèces exotiques ont colonisé les Calanques. Le Parc national lutte contre leur prolifération, qui met en péril des écosystèmes entiers.

 

Quelles espèces en cause ?

On dénombre environ 80 espèces de plantes exotiques envahissantes dans le Parc national des Calanques. Parmi elles, il y en a 4 qui menacent particulièrement les habitats locaux :

 

Des espèces venues de loin…

Leur taille et leur apparence distinguent ces plantes de l’habituelle végétation provençale : elles se font remarquer dans le paysage des Calanques… Si elles ne ressemblent pas aux autres, c'est parce que les Calanques ne sont pas leur milieu naturel – alors que, de façon contradictoire, ces espèces exotiques sont devenues des symboles du littoral méditerranéen. Elles ont colonisé jusqu’à la peinture !

Autrefois, elles ne poussaient qu'en Afrique, en Amérique ou en Europe orientale. Les voyageurs du XIXe siècle, séduits par leur beauté, les amenèrent en Europe pour décorer parcs et jardins : en effet, elles présentent souvent des fleurs chatoyantes, et offrent aux paysages des couvertures végétales colorées, même l’été.

 

… qui colonisent les Calanques

Mais très vite, ces espèces ont trouvé ici un environnement très favorable à leur développement, sont sorties des jardins et se sont installées dans les espaces naturels. Sans aucun prédateur en Europe, elles s’y sont confortablement multipliées. Très adaptées aux milieux arides, capables de recouvrir d'immenses surfaces en quelques années, elles mettent en péril des espèces plus petites, fragiles et endémiques telles que l’astragale de Marseille, la thymélée tartonraire ou le plantain à feuilles en alène.

Ces espèces invasives entrent même en compétition avec des « habitats d'intérêt communautaire », c'est-à-dire des milieux naturels considérés comme rares et fragiles par l'Europe, tels que la végétation des fissures des falaises calcaires, les rochers littoraux à Limonium, les garrigues littorales primaires à romarin, les pelouses littorales à brachypode rameux, annuelles et bulbeuses, les garrigues et pré-maquis des falaises littorales. Au mont Rose ou au Frioul notamment, elles prennent la place de la phrygane, déjà fragilisée et menacée.

 

Une cause majeure de perte de biodiversité dans le monde

En remplaçant les plantes locales, les espèces invasives exotiques modifient le milieu pour la faune associée, comme les pollinisateurs. Or un milieu comportant une diversité moindre aura des capacités plus réduites pour s’adapter à des modifications (changement climatique, arrivée d’un parasite ou d’un pathogène…).

Après la destruction des milieux naturels, la prolifération d’espèces exotiques est considérée comme la troisième cause de l’érosion de la biodiversité mondiale.

 

Lutter contre les plantes envahissantes

Pour faire face à ce fléau écologique, les gouvernants ont pris des mesures réglementaires :

  • Une stratégie de lutte (2013) et un plan d’actions associé (2014) ont été rédigés en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur par le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles.
  • Le Parlement européen a institué en 2014 un règlement interdisant l’introduction, le transport, la culture, etc. d’une liste d’espèces exotiques envahissantes.
  • En France, la loi Grenelle 1 a conduit à la parution d’une stratégie nationale en mars 2017.

Localement, plusieurs actions sont menées :

  • des actions pédagogiques et d’éducation à l’environnement sur la valeur patrimoniale des espèces rares locales et le cycle écologique de la flore des Calanques, notamment dans le cadre du programme LIFE Habitats Calanques, pour expliquer l’action suivante,
  • des campagnes d’arrachage des plantes exotiques envahissantes, menées dans le cadre du LIFE Habitas Calanques, par les gestionnaires locaux mais également avec l’OFB et en partenariat avec des associations comme le Naturoscope,
  • une réglementation interdisant d'introduire et de planter des espèces envahissantes en cœur de Parc. Ces espèces, au nombre de 16, sont listées dans la charte du Parc national des Calanques.

 

« Depuis des millénaires tout a conflué vers la Méditerranée… : hommes, bêtes de charge, voitures, marchandises, navires, idées, religion, arts de vivre. Et même les plantes. Vous les croyez méditerranéennes. Or, à l’exception de l’olivier, de la vigne et du blé – les autochtones très tôt en place – elles sont presque toutes nées loin de la mer. Si Hérodote, le père de l’histoire qui a vécu au Ve siècle avant notre ère, revenait mêlé aux touristes d’aujourd’hui, il irait de surprise en surprise. Je l’imagine, écrit Lucien Febvre, « refaisant aujourd’hui son périple de la Méditerranée orientale. Que d’étonnements !... Ces plantes bizarres aux silhouettes insolites, piquants, hampes fleuries, noms étrangers, cactus, agaves, aloès, figuiers de Barbarie – mais il n’en vit jamais de son vivant. Parbleu ! Ce sont des Américains… » (Lucien Febvre, Annales, XII, 29).

Fernand Braudel, La Méditerranée, volume 1, L’espace et l’histoire

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