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Ce marseillais passionné des Calanques nous raconte comment une bande d’amis armés de sacs poubelle a donné naissance à Clean My Calanques, une association 100% locale qui fait de l’écologie l’affaire de toutes et tous.

Portrait par Éric Lenglemetz, recueil du témoignage par Noëlie Pansiot.

Une asso 100% locale pour sensibiliser le plus grand nombre à l’écologie et faire de Marseille une ville plus propre

Clean My Calanques est une asso qui a cinq ans maintenant et qui partait juste d'une constatation : quand je faisais mes footings dans les Calanques, je voyais des déchets partout, et ça me faisait vraiment râler. Alors j’ai appelé mes potes : « les gars, je vous propose un truc, on fait la randonnée classique qu'on aime tous faire avec la petite baignade et le pique-nique, mais on rajoute une paire de gants et un sac ». Et puis, c’est comme ça que cette bande de potes a formé Clean My Calanques. Désormais, on est minimum 100 - 150 à chaque ramassage. Mais le plus important, ce qu'on explique aux gens. Le côté ramassage n'est que la partie visible de l'iceberg. Tout le reste, c’est beaucoup de sensibilisation auprès des écoles, des entreprises, des citoyens qui n’ont pas eu la chance d’avoir été sensibilisés à la cause environnementale. Et ça pour nous c’est très important.


Pour toucher les jeunes et les non-écolos, on passe par les réseaux sociaux, on fait des partenariats avec des youtubeurs, des rappeurs, des influenceurs, qui, grâce à leur rayonnement, peuvent faire passer des messages plus facilement que juste des écolos qui crient sur les toits : « on en a marre ! » Et on le fait avec humour. Lors de nos ramassages, il y a toujours une bonne ambiance, on met de la musique, il y a des cadeaux à gagner, on mange des pizzas… Et on ne culpabilise personne.


On est tous plus sensible quand on passe à l’action. Le terrain, l’expérience extérieure c’est super important. La théorie c’est bien, il faut sensibiliser dans les classes, mais si tu sensibilises des élèves qui ne sont jamais allés dans les Calanques, qu’est-ce qu’ils en ont à faire ? Alors on les emmène dans les Calanques et on passe à l’action ensemble pour en faire de nouveaux éco-citoyens.


Cette sensibilité pour la cause environnementale, je la dois aussi à ma mère. Elle m’expliquait qu’en Arménie, là d’où on vient, quand c’était encore l’U.R.S.S., une fois par mois le samedi ou le dimanche, les citoyens devaient obligatoirement sortir dans les rues pour nettoyer la ville. Quand tu sors, que tu mets la main à la pâte, il se passe quelque chose, tu deviens forcément plus sensible à tout ça…

 

Titiller la fierté des Marseillais et créer un choc pour les pousser à agir…

Le Marseillais est assez difficile à sensibiliser parce qu’il a cette fierté, ce caractère, qui est une très bonne chose. Il faut donc s’adapter ! Le Marseillais, il a une énergie folle, le jeune a une énergie folle. Tu prends toute cette énergie, tu essaies d'en utiliser ne serait-ce que 2 % pour faire de bonnes choses, et là, tu soulèves des montagnes.

La sortie la plus ahurissante qu’on ait faite ? On a mis une photo de l’Escale Borely sur nos réseaux après de fortes pluies pendant la grève des éboueurs. La photo était tellement choquante qu’elle a tourné de partout. Le lendemain à 9h, il y avait 550 personnes au ramassage. C'était beau, mais triste en même temps parce qu'on a ramassé 3,8 tonnes de déchets ce jour-là… On est très fiers.

On a énormément de retours et de soutien de la part des Marseillais. Il y a de moins en moins de déchets à certains endroits. De plus en plus de gens s'interrogent, de plus en plus de gens sont énervés et veulent passer à l’action. Donc on utilise aussi ce côté chauvin de Marseille, cette fierté pour notre ville, pour la diriger vers la bonne direction. Soyons fiers de notre ville, mais pour les bonnes raisons. En fait, c'est dommage de dire que l’écologie n’est pas censée être un métier. On doit tous être un peu écolos. Et 7 milliards d’un peu écolos, ça aura beaucoup plus d'impact que trois ou quatre écolos à fond.

Beaucoup de gens n'osent pas faire les premiers pas dans l'écologie ou même dans les petits gestes parce qu'ils se disent : « Mais je ne suis pas crédible, je ne fais pas assez ». Non, non, non, fais un peu, et si ton voisin et ta famille le font aussi, là, ça aura un impact ! N'attends pas d’être parfait puisque c'est impossible. Je rappelle que moi, je n’avais rien à voir avec l'écologie. Je n’ai pas fait d'études là-dedans, mais pas besoin d’être écolo pour faire de l'écologie, tout simplement.


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