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Chasseur depuis le plus jeune âge, Cédric Méhu a tissé un lien intime avec la mer. Il témoigne de ses expériences et ses sensations et nous partage sa connaissance fine du milieu marin qui lui permet d’avoir une approche responsable de la chasse sous-marine. 

Portrait par Éric Lenglemetz, recueil du témoignage par Noëlie Pansiot.

Une connexion intime avec la mer

J’ai commencé la chasse sous-marine entre cinq et huit ans, avec une petite fourchette. Quand on partait à la plage avec mes parents, avec ma fourchette, je m'amusais à ramener des gobies. J'ai toujours eu ça, l'instinct de prédateur et m'émerveiller de voir les fonds.

À douze ans, j'ai attrapé mon premier poulpe avec une fouine à élastique. Quand j'ai eu mon premier fusil harpon, là j'ai commencé à vraiment m'intéresser à ce sport. J’ai acheté tout le matériel et j'ai commencé à attraper mes premières daurades, mes premiers loups et là, j'ai été mordu. 

Aujourd'hui, j'ai 34 ans et je suis tous les jours plus passionné. Chaque fois qu'on se met à l'eau, on a toujours une belle surprise. Mais c’est aussi en enchaînant les bredouilles qu'on arrive à apprécier la valeur d'une prise.

Par exemple, l'hiver dernier, on recherchait les loups. Sept fois je suis rentré bredouille. Et le jour où j'ai réussi à enfin croiser un loup, un beau mâle d'un kilo et que j'ai réussi à le capturer, j'étais super content. Même si c’est une prise modeste, pour moi, c'était la plus belle prise du monde. Et puis on l’a partagé en famille, j'étais le plus heureux. Le loup est un de mes poissons fétiches, c'est à mes yeux le meilleur poisson qu'on puisse avoir dans l'assiette.

Dis-moi comment tu chasses

J'adapte les techniques de pêche en fonction de mon état d'esprit. Si je vais chasser à l’indienne, je vais être beaucoup plus attentif, beaucoup plus vigilant au moindre poisson parce que je suis à la surface. Et là, le moindre bruit peut faire partir un poisson. Donc, il va falloir que je sois super concentré.

Alors que pour la chasse à trous, il va falloir enchaîner les descentes à cinq, huit, dix mètres pour aller chercher sous chaque pierre s'il n'y a pas un sar caché ou un chapon posé. Donc là, il va falloir être très en forme, très en confiance avec son corps. 

Et il y a une autre chasse qui est beaucoup plus basée sur la concentration ; c'est l'agachon. On va faire quasiment de la méditation en surface pour réussir à tenir le plus longtemps sous l’eau. On va détendre chaque muscle quitte à quasiment s'endormir.

À partir du moment où on est parfaitement relâché, on va entamer un cycle respiratoire dans le but de choquer nos poumons et de les gonfler au maximum avant d'entamer la descente. L’aquacité doit être parfaite pour consommer le moins d'oxygène possible.

À partir du moment où on dépasse les sept mètres de profondeur, on est attiré par le fond. Donc on ne va plus du tout palmer, on ne va plus du tout consommer d'oxygène, on va se laisser absorber. Et lorsqu'on touche le fond, il y a une espèce d'état d'apesanteur où on se sent léger, on ne sent plus aucune pression, on ne sent plus rien. On entend tous les bruits de l'eau. C'est là où on est à l'apogée même de l'agachon. Et lorsqu'un poisson vient, ou que quelque chose nous surprend, c’est l'émerveillement. 

Une pêche responsable

Lorsqu'on se met avec à l’eau avec un fusil harpon, c'est qu'on est passionné. Les trois-quarts des chasseurs sous-marins sont de grands passionnés de la mer. Ils ont envie d'évoluer dans l'eau, de voir des animaux marins, de croiser de belles espèces et surtout de consommer un repas dont on connaît la provenance.

Comme mon grand-père, mon papa m'a appris qu'il fallait faire attention, qu'il ne fallait pas prendre plus que ce qu'on allait manger. Qu’il fallait respecter chaque espèce, en termes de taille ou de nombre de poissons qu'on va prendre. Surtout d'apprendre à reconnaître tous les poissons, à savoir faire la différence entre un sar et un corb et donc savoir quel poisson tirer.

C’est super important et c’est ce que j’essaie de partager dans mes vidéos. Par exemple, dès le mois de juin il va falloir communiquer sur l'interdiction de pêcher le poulpe, car c’est sa période de reproduction.

Il y a de ça dix ans quand on plongeait, il y avait clairement beaucoup plus de poissons. Hier, on est allé au Frioul, on a eu la chance de faire un beau poisson, mais c’est rare. Maintenant, c’est presque normal de ne rien voir quand on fait une sortie. Alors que dans les réserves, on voit qu’il y a une croissance très impressionnante.

À Plane ou à Moyade, la biodiversité explose ! Mais ce qui est regrettable, c'est de constater qu’autour de ces réserves, il y a tout de suite un filet. Et le problème, c’est qu’à force de mettre toutes ces réserves et d’interdire tous ces endroits, on finit par concentrer tous les chasseurs et tous les pêcheurs sur une zone en particulier. Ce qui fait que ces zones-là sont surpêchées.


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