12 pontes cet été : une mobilisation exceptionnelle pour un phénomène exceptionnel
Cet été, 12 pontes de tortues Caouanne ont été observées dans le Var, l'Hérault et en Corse : un record. A chaque nouvelle découverte, les aires de nidification de cette espèce protégée ont été délimitées par des barrières de protection et on fait l'objet d'une attention toute particulière.
Dans le cas de la ponte découverte à Saint-Cyr-sur-mer (aire marine adjacente du Parc national), des agents du Parc national spécialement habilités par le Muséum national d'Histoire Naturelle au suivi des tortues marines, ont été les premiers spécialistes à se rendre sur place pour confirmer la ponte et mettre en place les mesures nécessaires.
Au total, 70 volontaires se sont relayés pour assurer la surveillance du nid notamment autour du 46ème jour d'incubation qui marque le chemin de retour à la mer pour les tortues Caouannes. Ont participé à cette opération : le Parc national des Calanques, la Gendarmerie du Var, le réseau RTMMF, le service départemental de l’OFB, le réseau Natura 2000, le Conseil scientifique des îles de Lérins, le Muséum départemental du Var, l'Institut Paul Ricard, la Société des Sciences Naturelles et d'Archéologie de Toulon et du Var, plusieurs associations (Association Marineland, Comité d'intérêts de quartier du port d'Alon, Amicale des ports, Sea Shepherd, Atelier Bleu - CPIE Côte Provençale) de nombreux résidents de Saint-Cyr-sur-Mer et des étudiants en licence Sciences de la vie et en Master sciences de la mer (Université de Toulon) et BTS Gestion et Protection de la Nature (GPN) d’Hyères.
Mieux comprendre ce phénomène jusqu’ici rarissime
Différents suivis scientifiques ont été mis en place pendant la période d’incubation afin de mieux comprendre ce phénomène exceptionnel de ponte. A la fin de l’émergence, les restes du nid (coquilles vides, embryons non développés, oeufs non fécondés) seront analysés pour enrichir les connaissances sur ces épisodes de ponte peu documentés sur nos côtes.
Si les eaux de Méditerranée occidentale sont connues pour être un habitat privilégié des tortues immatures et sub-adultes, les scientifiques constatent depuis quelques années une activité de reproduction plus régulière sur le littoral méditerranéen français, tendance également observée en Italie et en Espagne depuis une dizaine d’années. Les raisons de ce phénomène récent interrogent les scientifiques : les nids déposés en Méditerranée occidentale sont-ils viables ? La température du sable est-elle suffisante ? Certaines tortues marines seraient- elles en train de coloniser de nouveaux habitats de ponte ? Est-ce dû à une hausse de la température de l’eau, à une modification des courants ou l’évolution naturelle des zones de nidification ? Les efforts de protection réalisés depuis des dizaines d’années en Grèce et en Turquie (où se reproduit principalement la population méditerranéenne de Caouannes) jouent-ils un rôle ? Autant de questions auxquelles les suivis scientifiques permettront peut-être d'apporter des éléments de compréhension.
Laisser faire la nature, ne pas déranger
La règlementation française interdit toute perturbation intentionnelle (manipulation, nuisance lumineuse…) des tortues marine. Aussi, il est très important de respecter certaines règles :
- Respecter une distance de 10 mètres avec le site de ponte ou l'animal ;
- Eteindre toutes les sources de lumière artificielle ;
- Ne pas photographier les tortues avec un flash ;
- Ne pas toucher les tortues et les oeufs.
La saison de ponte des tortues caouannes s’étale généralement de juin à mi-août. Durant toute cette période, elles montent sur des plages, le plus souvent la nuit, afin d’y déposer leurs oeufs. Cette espèce a une maturité sexuelle tardive (autour de 30 ans) et se reproduit tous les 2 à 4 ans. La taille adulte varie de 90 cm à 1 mètre, pour un poids moyen de l’ordre de 135 kg.