La chaleur, potentiel perturbateur des cycles naturels
Sous l’effet de la chaleur inédite de cet automne en France, certains végétaux perdent leurs capacités inhibitrices et peuvent se mettre à bourgeonner de manière inhabituelle. La perturbation de ce cycle est de nature à fragiliser les plantes qui ne se préparent pas suffisamment à affronter l’hiver et se trouveront ainsi dépourvues au premier coup de froid. Cette problématique est notamment prégnante dans les régions situées en dehors du pourtour Méditerranéen.
La flore de notre territoire est quant à elle plutôt bien adaptée pour faire face à des automnes chauds. En effet, plusieurs espèces des Calanques, comme la bruyère multiflore, sont programmées pour fleurir à chaque automne. D’autres espèces, tel que le romarin, sont quant à elles habituées à fleurir deux fois dans l’année sans que cela les fragilise. D’autres encore, en bonnes méditerranéennes, ne se laisseront pas tromper par ses chaleurs tardives et attendront le printemps pour fleurir… En ce début d'automne, aucune floraison "anormale" et en lien avec la chaleur actuelle n'a pour le moment été identifiée par les gardes du Parc national.
En l'absence de suivi scientifique dédié, les observations de terrain soulignent que la chaleur de ces dernières semaines semble donc avoir peu d’effets directs sur la flore du territoire (voire encadré ci-dessous sur les effets indirects)… Le constat est en revanche différent concernant la sécheresse, également associée aux conditions météos actuelles.
Effet indirect : coup de chaud pour la fréquentation !
La chaleur actuelle tire surtout la fréquentation des Calanques vers le haut. Des affluences dignes de journées d’été ont ainsi été observées au cours de ces derniers weekends. Dans ce contexte et afin de préserver la végétation de l’érosion liée au à la surfréquentation et au piétinement, le Parc national rappelle l'importance de rester sur les sentiers et de se tenir en dehors des zones de régénération de la végétation.
En mer : les effets de la canicule marine de 2022 toujours visibles
En mer, les agents du Parc national n’ont pas fait d’observations particulières en lien avec la chaleur de l’eau cette année. En revanche, les traces de la longue canicule marine de 2022 sont toujours bien visibles... Celle-ci a considérablement et durablement modifié les paysages sous-marins des petits fonds, notamment du fait de la mortalité massive des gorgones rouges.
Une sécheresse qui menace jusqu’aux espèces les mieux adaptées
Au premier regard, la flore des Calanques ne porte pas actuellement les signes apparents d’une sécheresse très avancée... En effet, la végétation reste globalement verte et ne présente pas l’aspect « cramé » que l’on peut observer à la fin d’été. Des pluies éparses survenues depuis fin août ont profité à la végétation de surface, ce qui n’empêche pas les nappes phréatiques d’être dans une situation préoccupante. La sécheresse actuelle doit d’ailleurs appeler à une grande vigilance vis-à-vis du risque incendie. Celui-ci reste fort. Le Parc national rappelle donc l’interdiction de l’usage du feu et du bivouac sur son territoire.
Au-delà de ce constat général, les agents du Parc national constatent que certaines espèces et certains individus souffrent cependant des niveaux de sécheresse actuels, qui s’inscrivent dans le prolongement de longs mois eux aussi très secs. C'est notamment le cas des feuillus, comme le Chêne vert et le Chêne blanc. On observe que certains arbres isolés appartenant à ces espèces sont très secs, potentiellement morts. Dans un contexte de changement climatique, la sécheresse aura très certainement un impact de plus en plus important sur les dynamiques forestières des années à venir, au détriment notamment des chênaies vertes et blanches et au profit des garrigues et pinèdes.
Plus surprenant encore, certaines espèces de la garrigue pourtant bien adaptées aux situations de sécheresse comme le Romarin, la Coronille faux jonc ou le Chêne kermès présentent localement des signes de mortalité. Cela est notamment le cas dans les zones les plus sèches du territoire et où le sol est le plus pauvre. Autre indice de la sévérité de la sécheresse et de son impact sur des espèces en principe bien adaptée : une grande partie des Ajoncs de Provence est partiellement ou totalement sèche. Ce constat laisse présager que les milieux déjà ouverts (type garrigues) le seront encore davantage à l’avenir et que des poches sans végétation arbustive pourraient s’étendre.
Participez à l’observatoire des saisons !
L'Observatoire des Saisons (ODS) est un programme animé par Tela Botanica qui permet aux citoyens et citoyennes de tout âge de contribuer à la recherche scientifique sur le changement climatique, en les invitant à partager des observations sur les cycles biologiques des espèces. Que vous débutiez dans l'observation de la nature ou que vous soyez un naturaliste aguerri, vous pouvez participer à ce programme tout au long de l'année en observant la nature qui vous entoure… au fil des saisons !