Alerte en cours sur la mortalité des gorgones
Les premières alertes ont été signalées entre le 18 et le 19 août 2022, suite aux violents épisodes orageux qui ont traversé le Sud-Est de la France. Depuis, les observations réalisées dans différentes aires marines protégées du littoral méditerranéen (Parc national des Calanques, Parc national de Port-Cros, Parc marin de la Côte Bleue…) convergent pour mettre en évidence un épisode massif de mortalités des gorgones. Le phénomène marque les plongeurs par son ampleur et son intensité. A des profondeurs de 12 à 30 mètres, les nécroses touchent de nombreuses colonies avec, pour certaines, la disparition totale des tissus vivants. Quelques jours avant l’orage, certaines colonies, aujourd’hui mortes, avaient pourtant été observées en bon état de conservation.
Des forêts sous-marines qui ploient sous l’effet du réchauffement climatique
Les gorgones Paramuricea clavata forment de larges colonies qui se fixent sur les substrats rocheux des fonds marins situés entre 7 et 110 mètres de profondeur. Le plus souvent pourpre, parfois jaune, les gorgones sont longévives (elles vivent plus de 50 ans) et sont caractéristiques du coralligène, habitat naturel clé de Méditerranée, véritables « forêts animales » qui abritent 15 à 20% des espèces connues en Méditerranée.
Les gorgones sont sensibles au réchauffement climatique. Au sein du parc national des Calanques, celles-ci font l’objet d’un suivi scientifique dans le cadre du projet européen MPA Engage, piloté par Joaquim GARRABOU de l’institut scientifique espagnol CSIC à Barcelone. Ce projet appuie les aires marines protégées de Méditerranée dans leur adaptation au changement climatique. D’autres épisodes de mortalité massive de gorgones ont été observés dans le passé, en 1999, 2003, 2006 et 2009. Leur étude pointe l’augmentation prolongée de la température de l’eau combinée à plusieurs mécanismes : processus biologiques, modification du microbiote associé, survenue d’agents pathogènes, facteurs génétiques de résistance plus ou moins grande au stress thermique.
Travail en cours pour qualifier et étudier le phénomène
Des échanges sont en cours entre les différents acteurs des aires marines protégées touchées (gestionnaires d’espaces naturels, scientifiques, plongeurs, pêcheurs…) pour qualifier et étudier ce phénomène de mortalité récent.
Dans les eaux du Parc national des Calanques, des plongées dédiées sont réalisées cette semaine par plusieurs organismes scientifiques CNRS, MIO (Institut Méditerranéen d’Océanologie), Septentrion Environnement, CSIC (Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol), en lien avec les équipes du Parc national, afin de dresser un état des lieux plus précis des zones touchées et effectuer les prélèvements qui pourront permettre de donner des éléments d’explication plus précis à ce phénomène.