La propagation d’une épidémie redoutable
Deuxième plus grand bivalve au monde, la grande nacre est, depuis 2016, victime d’un parasite du genre Haplosporidium. Repéré d’abord au large des côtes espagnoles, puis en Corse et dans le golfe du Lion au début de l’année 2018, le parasite se loge dans l’appareil digestif du coquillage et entraine sa mort en une dizaine de jours. Si plusieurs incertitudes subsistent encore sur la dynamique du développement du parasite, rendant aujourd’hui impossible la lutte contre l’épidémie, les effets sont quant à eux bien connus : les zones touchées ont vu leur population de Grandes nacres diminuées de 90% à 100%.
Depuis la propagation de l’épidémie sur les côtes françaises, les agents du Parc national ont surveillé de près les populations de Grandes nacres des Calanques. L’épidémie y a finalement été repérée début octobre. Celle-ci est une très mauvaise nouvelle pour le territoire et entrainera quoi qu’il arrive une forte mortalité de l’espèce. L’enjeu est maintenant de chercher des solutions à une échelle plus large pour essayer de sauver l’espèce.
Des actions coordonnées à l’échelle de la façade méditerranéenne
La veille assurée par le Parc national et d’autres aires marines protégées ont permis d’alerter les services de l’Etat et l’Agence française pour la biodiversité afin qu’une action coordonnée puisse être mise en place à l’échelle de la façade méditerranéenne. Des actions expérimentales sont ainsi en cours de développement sur quatre sites : la réserve naturelle marine Cerbère Banyuls et le Parc national des Calanques – tous deux touchés par l’épidémie, ainsi que le Golfe de Saint-Tropez et Monaco – deux sites encore épargnés à ce jour. Ces actions expérimentales ont pour but de tester des solutions qui permettraient de sauver quelques individus et peut-être d’enrayer la propagation de l’épidémie.
Le transfert de certaines nacres plus en profondeur est une des voies explorées dans le Parc national des Calanques. L’idée est ici de protéger les individus sélectionnés en les déplaçant dans des eaux plus froides, dans l’hypothèse qu’elles constitueraient une barrière naturelle contre le parasite.
Appel à la prudence des plongeurs
Les actions d’expérimentation qui seront menées obéissent à des protocoles scientifiques stricts. Il est demandé aux plongeurs amateurs et professionnels de ne pas toucher ou tenter de déplacer les grandes nacres de leur initiative. Cela vaut également pour les individus morts. Ce type d’action non-maîtrisée aurait pour effet de fragiliser les Grandes nacres déjà sensibles et d’accélérer et de renforcer l’épidémie. La perturbation et manipulation des Grandes nacres, vivante ou morte, est par ailleurs strictement interdite au titre de la réglementation sur les espèces protégées.