L’île phare
Un îlot battu par les flots
Ce « patrimoine phare » du cœur marin du Parc national des Calanques se situe dans la rade de Marseille, à environ 9 kilomètres du cap Croisette. Si c’est la topographie plane de l’îlot qui lui a donné son nom, le phare qui s’y élève dans toute sa verticalité en fait un jalon majeur du paysage marin phocéen.
Il est environné de superbes fonds marins protégés aujourd’hui par une ZNP. Ces récifs furent fatals à de nombreux navires : en témoignent les épaves qui sont aujourd’hui devenues de célèbres spots de plongée. On y trouvera des bateaux comme le Chaouen et le Dalton (une des premières épaves filmées par Cousteau), ainsi que des avions militaires datant de la Seconde Guerre mondiale.
Les gardiens qui y ont travaillé toujours par deux jusqu’en 1992 pouvaient vivre de façon autonome grâce au four à pain et à un élevage de poules et de lapins. Après leur départ et l’automatisation du phare, un centre de plongée s’installe à Planier, avant de quitter les lieux en 2004. Aujourd’hui géré par le service des Phares et Balises, le site n’est plus habité.
Le plus haut phare de la Méditerranée
Le phare actuel a été bâti entre 1947 et 1959 : il se compose de plusieurs bâtiments formant un ensemble monumental. Le clou du spectacle est la tour-colonne haute de 72 mètres, qui compte 362 marches ! Elle est en béton (son mortier est constitué de sable de Riou) et parée de pierre de Cassis. D’abord labellisé patrimoine du XXe siècle le 1er mars 2001 puis inscrit aux monuments historiques le 2 septembre 2002, le phare est désormais classé depuis le 13 septembre 2012. C’est le plus haut de la Méditerranée et le seul qui soit à la fois en activité et protégé comme monument historique sur la côte méditerranéenne française.
Figurant dès l’origine parmi les phares importants de Méditerranée, Planier a traversé toute cette histoire, du charbon à la cellule photoélectrique, en passant par l’éclairage à l’huile, dans des tours de plus en plus élevées. L’îlot est occupé par un phare depuis l'époque médiévale : le premier date de 1326 et mesure 12 mètres, le deuxième est bâti en 1774, le troisième est achevé en 1829 et atteint 59 mètres. Le phare que nous connaissons est le cinquième et remplace celui de 1881, détruit par les Allemands en août 1944.
Un édifice emblématique
Premier et dernier contact pour les voyageurs et les migrants avec la cité phocéenne et la France, le Planier est cher au cœur des Marseillais, des gens de mer et des écrivains.
Alexandre Dumas le mentionne dans ses impressions de voyage, mais surtout dans Le Comte de Monte-Cristo, où Edmond Dantès voit le phare « briller comme une étoile ». Dans Naïs Micoulin, Zola le décrit en ces termes : « le phare tournant de Planier revenait toutes les minutes, trouant les ténèbres d’un rayon jaune, qui s’éteignait brusquement ; et rien n’était plus doux ni plus tendre que cette lumière, sans cesse perdue à l’horizon, et sans cesse retrouvée ». Il sert de point de repère à Alphonse Daudet, Blaise Cendrars et Joseph Conrad. Mais la plus belle évocation est sans nul doute celle d’Albert Londres dans son reportage Marseille, porte du Sud…
« Il est un phare à deux milles de la côte. Tous les soirs, on le voit qui balaye de sa lumière et le large et la rive. Ce phare est illustre dans le monde ; il s’appelle le Planier. Quelle que soit l’heure où vous le regardiez, dites-vous qu’à cet instant on parle de lui sur toutes les mers et sous toutes les constellations. Quand on n’en parle pas, on y pense. Mais si le Planier ramène au pays, il préside aussi au départ. Faites le voyage de Marseille, jeunes gens de France ; vous irez voir le phare. Il vous montrera un grand chemin que sans doute, vous ne soupçonnez pas, et peut-être alors comprendrez-vous. »
Albert Londres
Le saviez-vous ?
Le code lumineux émis par le phare est un feu à éclat blanc toutes les 5 secondes. Il porte jusqu’à 23 milles, c'est-à-dire environ 42 kilomètres, grâce à des lentilles optiques disposées autour d’une simple ampoule de 150 watts !
Réglementation
Le phare ne se visite pas et l’accès terrestre à l’îlot est interdit par mesure de sécurité, mais on peut naviguer et plonger dans les alentours. Planier étant situé en zone de non prélèvement, la pêche y est interdite. Consultez les bons gestes à adopter et les réglementations à respecter en mer.
Localisation
Coordonnées GPS : 43.198754, 5.229791
En lien
La fiche consacrée au phare de Planier sur le site du Ministère de la Culture
Avec les veilleurs du Phare de Planier, une histoire de La Marseillaise
Planier, l’île oubliée, un reportage de Marsactu
Le phare de Planier dans la revue Marseille
Marseille, ville-monde sur France Culture, où l’on parle notamment de Planier