Un ordre peu connu
Les bryozoaires, également appelés ectoproctes, sont des animaux marins quasiment inconnus du grand public. Ils forment pourtant un ordre à part entière, au même titre que les mollusques ou les crustacés. Jo Harmelin les connaît bien : ce chercheur Marseillais de la Station Marine d’Endoume étudie ces organismes depuis ses débuts dans le monde de la biologie marine.
Les bryozoaires vivent le plus souvent fixés sur des supports en tous genres : pierres, coquilles, algues et autres plantes marines leur fournissent une base solide sur laquelle se développent les individus à structure coloniale. Qu’est-ce que ça signifie exactement ?
Des « individus-colonies »
Les bryozoaires ont une constitution particulière : un même individu est composé de plusieurs sous-unités connectées entre elles. Ces sous-unités, appelées polypes, vivent chacune dans une loge incorporée dans la structure générale du bryozoaire. Chaque polype est spécialisé : certains assurent la fonction de reproduction, d’autres la fonction de défense, d’épuration, de renforcement ou encore de nutrition. De fait, les bryozoaires sont des filtreurs : ils se nourrissent des particules nutritives apportées par les courants marins.
Un vieux dilemme enfin résolu
Il existe en Méditerranée un genre particulier de bryozoaire appelé Hornera : il forme de beaux spécimens colorés dont la structure rappelle une délicate dentelle. Or, seule une espèce de Hornera a été officiellement reconnue en Méditerranée, ce qui contrariait les observations de Jo Harmelin.
D’autres biologistes suspectaient l’existence d’une espèce différente de Hornera frondiculata, sans pour autant être en mesure de l’identifier formellement. Par défaut, les spécimens mystérieux étaient parfois attribués à une espèce vivant dans les mers boréales. Grâce à la technologie du microscope électronique à balayage, Jo a pu comparer très précisément la structure fine des spécimens récoltés dans l’archipel de Riou pour confirmer son intuition. Grâce à ses travaux minutieux, la mer Méditerranée compte désormais officiellement une nouvelle espèce de bryozoaire. « Je l’ai baptisée tout simplement Hornera mediterranea. C’est un puits sans fond, les espèces nouvelles dans la mer ! »